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Comment l’expérience du live a changé ces dernières années

Les concerts et festivals n’ont jamais autant attiré de spectateurs à travers le monde, atteignant des chiffres dépassant la période pré-pandémie. On sent un élan toujours plus fort pour l’expérience communale du live, les gros festivals affichent complet plus rapidement qu’auparavant et le secteur semble se porter aussi bien qu’il le peut. Mais il traverse pourtant des mutations profondes, avec un public qui a radicalement changé, des performances toujours plus immersives et un rapport qui change entre l’artiste et ses fans.

Si on parle d’un nouveau public, on parle avant tout d’une nouvelle génération de public, qui vit ses premiers concerts après un passage à la majorité cloîtré à domicile. Majoritairement issus de la Gen Z, ces nouveaux spectateurs ont un tout autre rapport à la scène et à leur manière de vivre l’expérience live. Documenté par le média The Take sur YouTube, un nouvel usage se démocratise chez une frange de ce public, celui de considérer le concert comme contenu. Si la présence de smartphone en concerts n’a absolument rien de nouveau, elle prend ici une tout autre dimension, avec un public qui affaisse toujours plus la limite entre les fans et leurs artistes, centrant l’expérience sur eux-mêmes et la performance du contenu. Sans pour autant généraliser une telle pratique, il n’y a qu’à voir la concurrence acharnée que se livrent tous ces fans sur TikTok pour chaque concert de Taylor Swift, Dua Lipa, Billie Ellish ou Harry Styles. 

Lorsque ce dernier a reçu un Skittles en plein visage lors d’un concert à Los Angeles, la séquence a bien sûr fait le tour de la plateforme avant d’être relayée par des médias comme Vanity Fair, GQ et même BFMTV chez nous. L’incident a même poussé la marque à poster un message de prévention un brin facétieux sur Twitter incitant ses clients à ne pas jeter ses produits. Quel monde. Qu’il s’agisse de filmer la performance, leurs réactions ou le moindre événement anodin pour leur potentiel viral, cette captation constante a été décriée par de nombreux artistes ces dernières années.

Mitski avait ainsi demandé à ses fans sur Twitter de profiter de l’instant en arrêtant de la filmer constamment avec leurs smartphones pendant ses concerts. Si l’absence de téléphones n’est l’apanage que de certains clubs et festivals intimistes, la question d’une nouvelle étiquette se pose maintenant que la performance de l’artiste ne semble être destinée qu’aux followers du public pourtant bien présent. 

Les shows reviennent à des formats toujours plus longs, dépassant parfois les 3 heures comme Taylor Swift.

Une tradition partagée par des groupes mythiques comme les Rolling Stones, The Cure ou Bruce Springsteeen.

Ce format est ainsi une occasion de creuser davantage dans une discographie plus dense, mais aussi d’afficher un ticket d’entrée souvent rebutant. Ces formats de shows semblent aller à contre-courant des usages qui tendent davantage vers les formats courts pour un public à l’attention plus réduite. Alors que les morceaux populaires affichent une durée de plus en plus courte (en dessous des 2 minutes pour certains cartons de 2022), ces concerts plus longs semblent vouloir niveler vers le haut le rapport à un même artiste, forcément érodé par TikTok et les plateformes de streaming.

Certains artistes ont intégré ces nouveaux usages dans leur propre scénographie.

Lors de sa dernière tournée mondiale, Rosalía s’est entourée de danseurs se filmant en mode selfie pour être retransmis sur les écrans de la scène au format 9:16. L’artiste avait même offert à ses fans un concert d’une trentaine de minute diffusé en live sur TikTok en 2022, lors duquel les utilisateurs devaient changer l’orientation de leur smartphone selon le contenu.

Si on a vu depuis d’autres artistes s’y essayer, comme Calvin Harris ou Camila Cabello, cette performance virtuelle a fait de Rosalía une des artistes incontournables sur la plateforme.