La tendance musicale serait-elle au recyclage ?
Si la structure change radicalement, certaines harmonies et rythmiques peuvent aussi évoquer d’anciennes œuvres, que l’inspiration soit délibérée ou non. C’était le cas pour Lorde en 2021 qui, avec son titre Solar Power, avait involontairement repris la mélodie du morceau Loaded de Primal Scream sorti en 1991. Le groupe a donné sa bénédiction à l’artiste pour étouffer toute polémique, sans demander la moindre compensation.
Si la technique n’est en réalité pas nouvelle, elle fait les gros titres en 2015. Cette année-là, Robin Thicke et Pharrel Williams sont condamnés à payer des dommages et intérêts à la famille de Marvin Gaye pour atteinte au droit d’auteur sur le morceau "Blurred Lines". La justice avait reçu l’aide de musicologues et professionnels du secteur pour arriver à ce verdict. Depuis, la fine ligne entre inspiration et interpolation n’est plus seulement créative, mais juridique, alors que certains artistes créditent (et dédommagent) désormais en anticipation les ayants droit "interpolés".
Facilité créative cachant une cupidité sans borne ou simples hommages plus ou moins discrets aux fondations de la pop music, l’interpolation est devenue un véritable enjeu économique qui pose la question fondamentale : peut-on encore créer de nouvelles mélodies aujourd’hui ?