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Quand Jimi Hendrix mis feu à sa guitare et entra dans la légende

Le 18 juin 1967, Jimi Hendrix entre dans le panthéon du rock avec un geste qui marquera à tout jamais l’Histoire de la musique. Le groupe The Jimi Hendrix Experience se produit cette année-là au festival de Monterey en Californie. Avec The Who, les deux groupes décident de jouer l’ordre de passage à pile ou face, chacun craignant de se faire éclipser par l’autre. Jimi Hendrix sera ainsi contraint de passer en deuxième et fera oublier la performance des Who de manière flamboyante, littéralement.

« Le guitariste, connu pour ses frasques imprévisibles en Europe, décide de conclure le morceau “Wild Things” en frottant énergiquement sa Fender Stratocaster sur son ampli.  »

Après avoir posé sa guitare à terre, il l'asperge alors d’un liquide inflammable et décide d’y mettre le feu avec une allumette, avant de la tournoyer autour de lui dans un geste qui lui donnera quelques brûlures au deuxième degré. La performance se terminera par une destruction en règle de l’instrument dans un chaos sonore et scénique emblématique de l’époque. La séquence est mémorable pour le public, mais aussi pour la postérité : s’il réalise une première fois cet acte au festival Astoria à Londres en mars 1967, cette performance installe la carrière de Jimi Hendrix aux États-Unis et surtout, l’international. La raison ? Cette fois, l’acte est immortalisé en vidéo et notamment en photographie par Ed Caraeff : le cliché, désormais mythique, se retrouvera en couverture du magazine Rolling Stone à deux reprises.

Mais pourquoi brûler sa guitare ? Il le dira lui-même aux journalistes "J’ai décidé de détruire ma guitare à la fin d’un morceau comme un sacrifice. Vous sacrifiez les choses que vous aimez. J’aime ma guitare." En coulisse, il s’agit en réalité d’une réponse au défi lancé par Keith Altham, journaliste au média NME, qui suggérait à Hendrix de brûler sa guitare à la fin du morceau "Fire", ce qu’il a fait quelques mois auparavant lors du festival Astoria. Quoi de plus logique en effet. Cette pulsion destructrice en plein concert est une pratique fréquente, ancrée culturellement pour bon nombre d’artistes qui y voient tour à tour un exutoire, un symbole ou une simple performance scénique. À cette époque, c’est le groupe The Who qui se fait remarquer pour ses moments de pur chaos sur scène avec Pete Townshend (guitariste) et Keith Moon (batteur) ayant tous les deux tendance à détruire plusieurs spécimens de leur instrument sur un seul concert. L’instrument devient alors un consommable face à l’œuvre qu’elle produit, peu importe le coût.

50 ans après, en 2017, la marque Fender rééditera d’ailleurs la fameuse Stratocaster du guitariste : une réplique quasi parfaite arborant le même motif peint à l’époque sur le modèle d’origine.

Jimi Hendrix avait lui aussi l’habitude de détruire des guitares à la fin de ses prestations, mais en brûler une, c’était une première. L’acte revêt une symbolique forte, celle du sacrifice oui, mais à une plus haute autorité mystique vers laquelle ces artistes semblent vouloir se prosterner. Rituel chamanique ou quasiment satanique pour les esprits les plus obtus, l’acte s’inscrit dans le contexte socio historique de l’époque. Le rock est en premières lignes des sous-cultures contestataires, notamment contre la guerre du Vietnam, ainsi qu’au cœur de la montée du mouvement hippie et ses positions de plus en plus subversives face à l’establishment.