The beat behind the brands

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Pour les séries TV, le bouche-à-oreille est désormais musical

Les musiques de génériques de séries sont devenues cultes pour plusieurs générations de sériephiles, mais ce n’est que récemment qu’ils s’immiscent sur les dancefloors du monde entier. Le thème de The White Lotus, composé par Cristobal Tapia De Veer, se retrouve en introduction des concerts de The Killers, ou carrément remixé par Tiesto avec l’aval de HBO. La musique de Succession s’est aussi vue jouée dans les sets de DJ du monde entier et encore récemment par Teki Latex dans sa version originale à La Machine du Moulin Rouge. Auparavant de redoutables génériques entêtants, comment les musiques de certaines séries sont devenues d’énormes bangers joués en live à travers le monde ?

On peut tout d’abord remarquer une évolution dans leur composition : des morceaux catchy, délaissant le chant pour des compositions plus dansantes. Ainsi, le thème de The White Lotus, vu comme une célébration mystique et euphorique, revêt un caractère percussif et entrainant avec un kick lorgnant autour des 127 BPM, dans la lignée des morceaux calibrés pour le dancefloor. Après un succès immédiat sur TikTok et Instagram, il s’immisce peu à peu sur les clés USB de nombreux DJ, souvent dans sa version originale, mais aussi dans le cadre de remix et bootlegs.

« C’est vraiment inattendu. Contrairement à la production pour un groupe ou pour moi-même, ce n’est jamais l’intention pour une série. C’est un peu la cerise sur le gâteau. »
— Cristobal Tapia De Veer, compositeur du générique de White Lotus (via Collider)

Mais l’inspiration est là, avec une filiation avouée pour un autre réalisateur italien, Paolo Sorrentino, qui dans ses projets comme La Grande Belleza ou The Young Pope avait lui aussi l’habitude de ce mélange des genres entre musique classique et électronique.

Même son de cloche pour le thème de Succession, composé par Nicholas Britell, qui tire son hook d’une rythmique 808 associée au hip-hop, ajoutant à la mélodie une puissance percussive digne des plus gros tubes du genre. Très vite, le morceau est au cœur de centaines de memes et détournements notamment par un public mettant en avant le prétendu décalage entre le sérieux de la série et le véritable tube qu’elle diffuse en générique.

Et quand le morceau ne peut fonctionner en club, comme celle de Squid Game, elle est remixée pour l’être, ici par le DJ et compositeur allemand Zedd qui avec sa propre version a engrangé des dizaines de millions d’écoutes à travers YouTube et Spotify. Mais ici, le succès d’une telle musique est avant tout porté par la place toujours plus grande qu’ont prise les séries dans la pop culture.

Les séries se sont définitivement installées dans l’inconscient collectif, le zeigeist culturel, leur accessibilité toujours plus grande étant bien sûr favorisé grâce à l’essor des plateformes. Les séries deviennent génératrices de small talk, en terrasse ou à la machine à café. Alors qu’une grande majorité des séries populaires comptaient sur des paroles entêtantes pour percer, les thèmes actuels vivent une seconde vie sur les réseaux sociaux : streamés sur YouTube et Spotify, ils sont ainsi facilement détournables sur des plateformes comme TikTok, Instagram et YouTube. 

Qu’il s’agisse de cover, remix ou memification, les musiques de génériques deviennent de nouveaux leviers de viralité pour ces productions, parfois personnifiées par un public non ciblé par la chaîne.

Succession n’ayant pas tout de suite été un carton d’audience, sa musique l’a aidé à percer auprès d’un public qu’elle n’aurait pas naturellement touché. C’est leur semi-confidentialité par rapport aux mastodondes que sont Game of Thrones ou Stranger Things qui ont permis à ces séries de sortir de la masse par un levier musical sur lequel on ne les attendait pas.