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Avez-vous vraiment besoin de musique "lossless" ?

Après avoir investi le monde du home cinema, la haute définition fait son entrée progressive dans le monde de l’audio grand public. Alors que le vinyle est plébiscité par les mélomanes du monde entier (supplantant par la même le CD), que des bars audiophiles font leurs apparitions dans les grandes villes, les services de streaming proposent depuis quelques années une offre dite « lossless » ou « sans perte » par rapport au master d’origine. Pour un public habitué depuis plus de 20 ans à un retour aux formats compressés (mp3, Ogg Vorbis, ALAC), ce retour à la « Hi-Fi » est-il là pour durer ?

Au début des années 80, l’audio passe au numérique avec l’invention du Compact Disc (CD). L’objectif de Sony et Philips : assurer un stockage pérenne pour la musique après la fragilité décriée des formats vinyle et cassette audio. Avec la démocratisation d’internet et de l’informatique grand public arrivent les premiers formats audio dits « lossy » ou compressés comme le MP3 ou l’AAC. Si les différences sont imperceptibles pour le public, elles sont pointées sur doigt par les audiophiles les plus exigeants : dynamique réduite, basses fréquences en retrait et manque de précision dans les aigus. 

Et pourtant, on assiste ces dernières années à un retour en grâce de la haute fidélité. Impulsée par le succès retrouvé du vinyle, la HiFi redevient un argument marketing grâce à l’augmentation globale du débit internet chez les utilisateurs. Si vous pouvez regarder Netflix en 4K HDR chez vous grâce à la fibre optique, pourquoi ne pas en faire de même avec vos habitudes d’écoutes musicales ? 

Les plateformes de streaming comme Deezer, Apple Music, Amazon Music et bien d’autres proposent tous une offre dite « Hi-Res », avec une écoute au format FLAC / ALAC aux spécificités bien supérieures au MP3. Pour la majeure partie du public, ces offres n’offrent aucun bénéfice au vu des conditions d’écoute : un stream « lossless » ne présentera aucune différence de perception sur des enceintes ou écouteurs Bluetooth. Peu de gens sont équipés pour profiter d’une musique en haute définition alors que l’écoute de musique est, comme pour les films et séries, devenue une consommation. Il y a bien des marques comme Apple, Focal ou Phantom qui s’efforcent de sortir des casques et enceintes destinés aux plus exigeants, mais l’addition reste prohibitive pour le grand public. Et encore, la différence restera imperceptible pour les oreilles non initiées, y compris sur des systèmes de qualité.

Si le marché audiophile reste un secteur de passionnés (et fortunés), son influence déborde progressivement auprès d’un plus grand nombre de mélomanes.

Pour les plus exigeants, la haute fidélité est une question de dynamique ou de débit binaire, pour les autres, elle marque un retour aux sources, une manière de revenir au rituel que pouvait représenter l’expérience d’écoute musicale. Les bars audiophiles se font plus nombreux dans les grandes villes comme Paris, Lyon, Tokyo, New York et Londres, voulant remettre l’expérience qualitative de la musique au cœur des espaces sociaux.